Une petite augmentation de la mortalité sur les routes en 2014 (+3.7%) après une très forte baisse en 2013 (-11%), c’est la justification avancée par Bernard Cazeneuve, ministre de l’intérieur, pour annoncer de nouvelles mesures répressives.

Ces chiffres, fournis par l’association Prévention Routière, ne reflètent pas la baisse considérable des accidents de la route en France depuis ces 15 dernières années.
Des chiffres, L’observatoire national interministériel de la sécurité routière en fournit sur son site internet:
231 personnes seraient décédées sur les routes en mars 2015. La mortalité routière connaît une baisse assez forte (-11,5%) par rapport à mars 2014“.
“La mortalité routière est en augmentation de 3,7% en 2014 par rapport à 2013, mais en baisse de 15% par rapport à 2010”.

Il est important de noter que, contrairement à ce qui se fait dans les autres pays européens, les statistiques se basent sur le nombre total d’accidents / blessés / tués en France, et non par le ration par rapport à la population ou au nombre d’usagers de la route.
Une façon de minorer fortement ces statistiques car le nombre d’habitants en France augmente régulièrement, sans parler du nombre d’usagers de la route.

De plus, le mode de comptabilisation des tuée & blessés sur la route a changé au fil des années: jusqu’en 2005, on comptabilisait comme tué sous la route toute personne décédée suite à un accident dans les 6 jours. Maintenant, c’est une période de 30 jours qui est retenue.
Ce qui signifie que, en tenant compte du mode de calcul actuel, le nombre de tués avant 2005 était beaucoup plus important que les chiffres officiels. La baisse de la mortalité sur les route est donc considérablement plus importante que les chiffres officiels.

Pour rappel:

Année Nombre de tués
sur les routes
Population
(millions hab.)
Parc automobile
(VL+VU+PL)
1986 10 960 (tués à 6 jours) 56.7 24 110 000 (pour 1985)
2000 7 643 (tués à 6 jours) 64.6 33 090 000
2014 3 388 (tués à 30 jours) 66.3 38 138 000
Sources: Prevention Routière / INSEE / Wikipedia

Utilisant ces chiffres non réellement significatifs, le ministère de l’intérieur a décidé de sévir à nouveau contre les automobilistes.
Ce n’est pas moins de 26 mesures qui ont été annoncées, dont beaucoup seront effectives d’ici le 30 juin 2015.
On notera en particulier:
interdiction du kit main libre dans les voiture et les deux-roues (à l’exception du kit bluetooth connectant le smartphone à l’autoradio),
– expérimentation de la baisse de la limitation de vitesse à 80 km/h sur certaines portions de route,
– les amendes pour stationnement gênant sur les passages piétons, les trottoirs ou les pistes cyclables passeront de 35 à 135 euros,
– le taux d’alcoolémie pour les conducteurs novices sera abaissé à 0,2 g/l de sang.

L’autorisation du kit bluetooth connecté à l’autoradio semble contradictoire car il n’empêche pas le conducteur d’être “concentré à 100% sur sa conduite“. Une mesure pour favoriser certains conducteurs ?

Pour aller jusqu’au bout de la logique “le conducteur doit être concentré à 100% sur sa conduite“, ne faudrait-il pas:
– interdire au conducteur d’écouter l’autoradio,
– interdire au conducteur de discuter avec un passager,
– et pourquoi pas interdire les enfants bruyants ou qui pleurent et déconcentrent le conducteur ?